Pendant mes années de bénévole au Centre Culturel Algérien (CCA), j’ai souvent rencontré des gens qui ignorent ou sous-estiment les bienfaits d’être au service des autres. Même si tout le monde perçoit positivement le bénévolat, plusieurs ne le considèrent pas comme priorité dans leurs plans de vie allant même jusqu’à ne lui accorder aucune importance.
Certains, pour justifier ce choix, évoquent la stabilité (trouver un emploi, finir ses études, se marier, acheter une maison, …) comme condition préalable avant de consacrer ces quelques heures au profit des autres, particulièrement, à ceux et celles qui sont plus dans le besoin. Pourtant, dans plusieurs cas, le bénévolat pourrait aider à aboutir à cette « stabilité tant recherchée » puisque ce comportement altruiste est fort susceptible d’offrir un « cadre psychologique » confortable qui peut être propice et positif pour le développement personnel et professionnel dans toute sa dimension !
Être au service d’autrui permet, en effet, de prendre connaissance des véritables difficultés que les autres vivent et peut conduire à un degré de satisfaction appréciable quant à sa propre vie. Le bénévolat te permet aussi de relativiser et te place dans un mode permanent de « recherche de solutions » en réduisant l’espace qui pourrait être occupé par le mode « recherche de prétextes ».
L’ayant essayé moi-même, je peux certifier, sans risque de me tromper, que le bénévolat est également un générateur d’énergie redoutable à ne pas négliger
L’été passé, j’ai lu un livre intéressant intitulé « Par amour du stress » écrit par le Dre Sonia Lupien et je suis tombé sur une section intitulée « l’Altruisme pour combattre le stress ». En se basant sur des arguments scientifiquement solides, l’auteure souligne l’impact positif du bénévolat sur la santé. J’ai jugé alors utile de partager avec vous ce petit texte, après avoir eu l’autorisation de l’auteur et de l’éditeur (M. Julien Béliveau) que je remercie pour leur générosité.
Bonne lecture Ahmed Mahidjiba——————————————————————————————————————-
L’Altruisme pour combattre le stress
Pour briser l’isolement, le bénévolat peut faire des miracles chez l’individu privé du soutien d’un réseau social. En effet, les gens de tous âges qui font du bénévolat déclarent s’être sentis utiles et avoir éprouvé un sentiment marqué de bien- être à la suite de leur expérience. De plus, ce geste permet aux gens affectés par la solitude d’entrer en contact avec d’autres personnes qui partagent leurs goûts et leur désir de générosité, créant ainsi un autre réseau social.
Toutefois, cet effet bénéfique sur la santé ressenti par les personnes qui font du bénévolat pourrait n’avoir rien à voir avec le fait de travailler sur une base quotidienne avec d’autres, mais, plutôt, être associé au fait de voir des comportements altruistes, ou d’en afficher, aurait des effets bénéfiques sur notre santé.
L’une des premières études jamais effectuées sur ce sujet a été entreprise par Dr McClelland, de l’Université Harvard aux États-Unis. Le but de cette étude était de vérifier si la seule perception de bonté chez quelqu’un aurait un effet bénéfique sur la production d’immunoglobuline A sécrétoire mesurée dans la salive des participants. L’hormone en question produit un effet protecteur sur notre système immunitaire en période de stress.
Pour effectuer cette étude, Dr McClelland a séparé des étudiants universitaires en deux groupes. À un premier groupe, il a présenté le film Le pouvoir de l’Axe, un film portant sur Adolf Hitler et la Deuxième Guerre mondiale. Au deuxième groupe, il présenta un film portant sur la vie de Mère Teresa, en Inde. Il a mesuré les taux d’immunoglobine A sécrétoire des membres des deux groupes, avant et après l’exposition au film. Les résultats ont montré que les gens ayant vu le film de Mère Teresa ont produit significativement plus d’immunoglobine A sécrétoire que les gens ayant vu le film sur Hitler. Dr McClelland a appelé cet effet : l’effet Mère Teresa. Avec cette étude, Dr McClelland a démontré que la seule perception de bonté mène à une meilleure activité du système immunitaire chez l’humain.
Certains chercheurs ont interprété les résultats de Dr McClelland par le fait que l’acte même d’aider son prochain nous empêcherait bien souvent de ruminer sur nos propres problèmes, ce qui a pour
effet de diminuer notre sentiment de stress. À l’inverse, d’autres chercheurs ont émis l’hypothèse que le hight du bénévole induit par des comportements altruistes, surviendrait, car le geste de bonté apporterait lui- même une sensation de bien- être et une meilleure estime de soi, deux conséquences qui ont spécifiquement des effets positifs sur la réponse de stress. Si tel est le cas, des gestes de bonté, de générosité, ou toute forme d’altruisme, devraient réduire les effets potentiellement dommageables du stress sur la santé physique et mentale.
À ce jour, il y a très peu d’études portant sur la relation entre l’altruisme et la réponse de stress chez l’humain, peut-être parce que nous ne possédons pas encore de très bonnes méthodes de mesures de cet aspect humain. Toutefois, Dr Dennis Charney, du National Institute of Mental Health aux États- Unis, a étudié les facteurs qui font en sorte que quelqu’un peut développer une résistance à un très grand stress. Pour ce faire, il a analysé 750 hommes ayant combattu au Vietnam. Tous avaient été faits prisonniers durant la guerre au Vietnam et avaient été gardée en captivité pour des périodes de six à huit ans. Tous avaient été torturés, gardés en isolement, ou les deux, pendant de très longues périodes de temps. Chose surprenante, aucun d’entre eux n’avait développé de dépression ou de désordre d’origine post-traumatisme en réaction à cette expérience pourtant hautement traumatisante. Dr Charney a donc interviewé ces hommes pour tenter de mieux comprendre les facteurs qui avaient fait en sorte qu’ils avaient pu résister à ce stress extrême.
À la fin de l’étude, Dr Charney fut capable d’identifier 10 éléments critiques qui ont mené ces hommes à développer cette capacité. L’altruisme est l’un de ces facteurs. En effet, Dr Charney a observé que ce hommes ont souvent déclaré que le fait d’aider les autres à s’en sortir leur avait permis de bien négocier leur propre stress. Ce résultat confirmerait aussi que l’altruisme puisse avoir des effets bénéfiques lorsqu’un individu fait face à un stress aigu ou chronique.
Les autres facteurs identifiés par Dr Charney et étant associés au développement de la résilience sont l’optimisme, les valeurs morales, la spiritualité, l’humour, un role model, le soutien social, la capacité de faire face à sa peur, le fait d’avoir une mission, et l’entraînement pour faire face à cette mission. Vous remarquerez que beaucoup de ces facteurs sont discutés dans ce livre comme ayant démontré leur capacité de diminuer la production d’hormones de stress en période de stress aigu ou chronique.
Bibliographie
Lupien, Sonia. Par amour du stress, Québec, Éditions au Carré, 2010, pp. 201-203
Je suis persuadée et c’est ma devise, que le bonheur est dans le don.
Je suis certaine que l’altruisme est bénéfique pour la santé mentale.
Donner pour recevoir. c’est le propre même des généreux intellectuels ! Je partage entièrement cet avis Si Ahmed.
Oui ! Ahmed. C’est une vérité non seulement scientifique mais aussi historique et sociale.
Pour ceux qui l’ont vécu parmi nos compatriotes les plus âgés que dire de la Touiza ? N’est ce pas un acte social de solidarité agissante ?
Pour les plus jeunes (ceux de ma génération) n’ont ils pas vécu cet engouement à rejoindre les SMA (Scouts Musulmans Algériens), qui, au lendemain de l’indépendance, ont fait de nous des ”Scouts d’un jour Scout pour toujours ” ?
Pour les plus jeunes, dans les années ”70”, malgré les réticences des uns et l’engagement des autres, les CNVA (Comité Nationaux de Volontariat de la Révolution Agraire) n’ont ils pas rapproché des gens de l’Est, de l’Ouest, du Nord et du Sud du pays ?
Oui la Touiza, le bénévolat, le volontariat font appel à la solidarité agissante des uns envers les autres.
En étant le premier à donner on reçoit toujours, tôt ou tard, une contrepartie, notamment le double sentiment d’avoir été utile et celui d’avoir partagé. Et, comme le dit Ghani, c’est ”une valeur des généreux intellectuels, j’ajouterais, et même des plus vulnérables”.
À tout hasard. I’ll be surprised if Blednet would allow this.
Faire le don de soi dans un cadre laïque, faire du bénévolat pour aider autrui est moralement acceptable, mais l’est-il vraiment si nous faisons abstraction de Dieu, de la religion ? Faire le don de soi sans rien attendre ni obtenir quelque chose en est faux. Même les envoyés de Dieu s’attendent à gagner le paradis comme récompense pour leurs actions charitable. Imaginez Jésus* ou Mohamed ** qui n’iraient pas au paradis. Les actions humaines bonnes ou mauvaises, chaque intention sont le fruit du désir. Nous sommes tous en mode vouloir. Nous désirons tous quelque chose, parce que le propre de l’homme est de désirer ( qui ne désire pas être député ?). Tout ce qui est extérieur à nous, peut être notre ou en voie de l’être. Faire le don de soi pour calmer son stress est un peu naïf, si l’on considère qu’une bonne marche le long d’un cours d’eau pourrait aboutir au même résultat (Endorphine). Et je ne pense pas que voir mère Theresa torcher des lépreux et nourrir des gueux m’inviterait à être plus calme et plus relaxe. Et puis tout dépend de vos origines, et de votre bagage culturel. Des dessins animés de la première heure sont plus que suffisants pour me rendre heureux. Pourquoi, allez-vous me dire ? Tout simplement, tout ce qui me permet de retomber en enfance, de revivre mes jeunes années me réjouit. It’s a fact. Et puis, je ne sais pas si Hitler, vu mes origines, mon conditionnement et engagement politique et mon bagage intellectuel me stresserait outre mesure. Des étudiants, musulmans, et Arabes réagiraient certainement différemment vu la question palestinienne. Une bonne cigarette made in Cuba me calmerait certainement, boire un bon whisky aurait le même effet. Et faire l’amour à une jeune femme qui ne serait pas la mienne, non seulement me calmerait, mais m’enlèverait le diable du corps, si j’étais possédé.
* Que la paix soit sur lui.
** Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui.
Désolé pour mes commentaires, j’imaginais être dans blednet. Very confusing. Ahmed est un type que j’admire beaucoup et qui a toute ma sympathie. Ce n’est que par la suite que j’ai découvert que j’étais dans le site d’Ahmed. Félicitations pour son site.
Pour me racheter, laissez-moi vous raconter une petite anecdote, une histoire qui m’est arrivée. J’étais hospitalisé, gravement malade depuis quelque temps, et sentant ma mort prochaine (exactement comme le pauvre bûcheron), j’ai décidé de m’y accoutumer, et avant de partir, mettre de l’ordre dans mes affaires. Pas grand-chose. L’avantage pour ce genre de voyage, c’est que l’on part avec le strict minimum. Un drap blanc. J’avais deux souhaits qui me tenaient à cœur avant de partir. Je souhaitais pour une ultime fois encore manger du couscous, et me faire enterrer dans la dignité selon le rite musulman. N’ayant pas été gâté par une famille nombreuse, j’ai fait appel à un bonhomme qui me connaissait à peine pour lui faire part de mes dernières volontés. Mustapha (Alfa) me combla de joie lorsqu’il vint me voir avec un couscous encore fumant. Nous parlâmes, il apprit à me connaître, je lui fis part de mon second souhait qui était de me faire enterrer par des gens en qui j’avais confiance. Mon choix était fixé, et je souhaitais que ce soient Ahmed et son équipe qui le fasse. Mais puisqu’on ne choisit pas l’heure de son trépas, j’ai miraculeusement survécu. Dieu merci, je n’ai pas eu besoin du centre culturel de Montréal. Je suis sorti de l’hôpital avant qu’Ahmed et ses amis ne me rendent visite. Mais je ne pense pas vous étonner en vous racontant ma petite mésaventure. Je suis sûr et certain que vous auriez fait de même. Je ne sais pas si vous auriez choisi un couscous ou ne chorba. Bon sang ne saurait mentir.
J’aimerai juste donner l’exemple de la zakat (charité en islam). La zakat signifie littéralement ‘purification'; elle purifie le coeur de celui qui donne et combat l’avarice.
D’autres formes de charité consisteraient à offrir de son temps (le bénévolat), de l’amour (envers les humains, les végétaux, les animaux), prononcer de belles paroles, sourire en face de notre interlocuteur.
Ceci nous rappelle encore une fois la grandeur de notre Créateur(ALLAH soubhanaho wa ta3ala) et de son Messager (salawato rabbi wa salamoho 3alayhi), car tout ceci est bien consigné dans les Écritures sacrées et les Hadith.
As Salamou 3alaykom djami3ene.