Ahmed Mahidjiba : « Pour intéresser les compétences de la diaspora, il faut des modèles à succès »

cropped-DSC03390_50pourcent.jpgSi certains de nos compatriotes ont pu réussir à l’étranger, c’est parce qu’ils évoluent dans un environnement qui valorise les qualités, telles que le dévouement, l’initiative, le leadership, la rigueur et toute contribution remarquable par la mise en place d’un système de reconnaissance de l’excellence et de l’effort touchant les secteurs les plus importants (sensibles) de la société.

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Ahmed Mahidjiba : « Pour intéresser les compétences de la diaspora, il faut des modèles à succès »

Entretien accordé au journal algérien Reporters

Reporters : Vous vivez au Canada où se trouve et travaille une importante communauté d’universitaires algériens. Celle-ci, d’ailleurs, ne cesse de s’agrandir pour caractériser ce qu’on appelle depuis longtemps au pays la fuite des cerveaux. Selon vous, pourquoi ce phénomène ?
Ahmed Mahidjiba : Les raisons sont complexes, parce que la mobilité des personnes en quête d’un mieux-vivre est une donnée indiscutable de notre époque. Ce qu’on ne trouve pas dans son pays d’origine, on va le chercher ailleurs. La complexité, à mon avis, est aussi dans l’étendue du champ géographique dans lequel se produisent les flux migratoires. Avant, l’horizon de la diaspora, c’était la France, et l’Europe dans une moindre mesure. Aujourd’hui, cet horizon s’est élargi à d’autres continents, tel l’Amérique du Nord. Les raisons sont prosaïques, disons, parce qu’elles sont tributaires de la difficulté des gouvernements – et en particulier des départements chargés de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la connaissance – à trouver le cadre nécessaire pour accueillir durablement ou temporairement les compétences nationales de l’étranger qui souhaitent maintenir un lien actif avec le pays. C’est pourquoi beaucoup de gens de la diaspora intéressés de travailler dans le champ universitaire ou autre dans le pays repartent frustrés.

L’implication des compétences de la diaspora n’est pourtant pas quelque chose de nouveau. Le sujet est posé depuis les années soixante-dix au moins. Où se situe le problème ?
Si certains de nos compatriotes ont pu réussir à l’étranger, c’est parce qu’ils évoluent dans un environnement qui valorise les qualités, telles que le dévouement, l’initiative, le leadership, la rigueur et toute contribution remarquable par la mise en place d’un système de reconnaissance de l’excellence et de l’effort touchant les secteurs les plus importants (sensibles) de la société. Il est important, me semble-t-il, que les personnes qui souhaitent travailler en Algérie ressentent l’existence de ce cadre d’encouragement et de motivation. Leur engagement ne peut, par ailleurs, réussir que s’il s’inscrit dans une stratégie et des objectifs. Tous les scientifiques et universitaires à l’étranger n’ont pas vocation à s’impliquer dans les programmes d’enseignement et de recherche universitaires. Soit parce qu’ils sont dans des disciplines de très haut niveau scientifique et technique et ne peuvent pas avoir accès dans leur pays d’origine aux laboratoires dans lesquels ils ont l’habitude de travailler, soit parce qu’ils sont retenus par des projets qui prennent tout leur temps.

Faut-il alors agir dans une logique de sélection et de priorisation ?
Il faut un modèle de succès à « vendre » et à présenter comme un exemple à suivre. C’est essentiel pour montrer qu’il est toujours possible de contourner les obstacles pour apporter une contribution utile pour son pays. Les gens aiment évoluer dans un environnement qui valorise les qualités, telles que le dévouement, l’initiative, le leadership, la rigueur et toute contribution remarquable par la mise en place d’un système de reconnaissance de l’excellence et de l’effort. Présentement en Algérie, il n’y pas encore de système qui distingue ceux qui sont excellents de ceux qui ne le sont pas, ou ceux qui travaillent avec acharnement de ceux qui ne le font pas. Ça ne peut pas continuer comme ça, il faut investir dans des processus basés sur des critères de mérite clairs et précis pour des résultats. Il faut des choix aussi : plusieurs de nos compatriotes ont l’expertise nécessaire dans des domaines où les besoins du pays sont identifiés et importants. Il faut solliciter cette expertise là où l’on en a réellement besoin. Nous avons l’impression que là-dessus, il y a beaucoup d’improvisation ! Je pense que les gens aiment travailler dans un système qui les considère et apprécie leurs efforts, particulièrement quand ils se distinguent.

En avril dernier, le chef de l’Etat a pris une série de mesures en direction des Algériens de l’étranger. Certaines portent sur l’encouragement à l’investissement. Les avez-vous consultées ?
Hormis ce qui a été rapporté par la presse, nous avons très peu d’informations détaillées sur ces mesures ici au Canada. Le problème est double : les mesures prises le sont souvent sans concertation avec les concernés. L’information sur la nature de ces mesures manque aussi et beaucoup de gens passent à côté faute de communication et de sensibilisation sur les mesures prises. L’information ne passe pas et reste seulement confinée au niveau de certaines sphères.

Note : La petite présentation de M. Ahmed Mahidjiba présentée dans l’article original est basée sur des informations très anciennes collectées surement à partir du net.

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